sábado, 15 de junio de 2013

Libro de citas: Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (Čareja, 1877 - Fontainebleau, 1939) :

Un descubrimiento.

NIHUMIM:


Quarante ans.
Je connais peu ma vie. Je ne l’ai jamais vue
S’éclairer dans les yeux d’un enfant né de moi.
Pourtant j’ai pénétré le secret de mon corps. O mon corps !
Toute la joie, toute l’angoisse des bêtes de la solitude
Est en toi, esprit de la terre, ô frère du rocher et de l’ortie.
Comme les blés et les nuages dans le vent,
Comme la pluie et les abeilles dans la lumière,
Quarante ans, quarante ans, mon corps, tu as nourri
De ton être secret le feu divin du Mouvement :
Tu ne passeras pas avant le mouvement de l’univers.
Que le son de ton nom inutile et obscur
Se perde avec le cri du dormeur dans la nuit ;
Rien ne saurait te séparer de ta mère la terre,
De ton ami le vent, de ton épouse la lumière.
Mon corps ! tant que deux cœurs séparés, égarés,
Se chercheront dans les vapeurs des cascades du matin,
Tant qu’un douzième appel de midi vibrera pour réjouir
La bête qui a soif et l’homme qui a faim ; tant que le loriot,
L’hôte des sources cachées, renversera sa pauvre tête
Pour chanter les louanges du Père des forêts ; tant qu’une touffe
De myrtil noir élèvera ses baies pour leur faire respirer
L’air de ce monde, quand l’eau de soleil est tombée,
O errante poussière ! ô mon corps ! tu vivras pour aimer et souffrir.
Quarante ans.
Pour apprendre à aimer la noblesse de l’Action. O action !
Quarante ans, quarante ans la vanité des solitaires
M’a tourmenté. Je demandais sa mort dans mes prières.
Elle a quitté mon cœur. O triomphe ! — ô tristesse...
Elle a emmené ma jeunesse,
Ma cruelle jeunesse, la seule femme aimée.
Mais qu’importe ! déjà, mes mains, déjà la pierre vous attire.
Mains aux veines gonflées, la fureur de bâtir
Vous saisit, vous possède déjà !
Quand le midi des forts sonnera sur la mer
Nous irons saluer les constructeurs de môles.
Debout dans le soleil, en face de la mer
Ils mangent lentement leur pauvre et noble pain
Et leur sage regard va plus loin que le mien.
Honneur à toi, honneur à toi qui es né dans les pleurs
Comme l’Amen, et qui mourras dans l’abandon au pied du temple de l’amour
Ou du palais d’orgueil, ouvrages de tes mains !
Bientôt, demain, mon frère, je pourrai te parler
Face à face, sans rougir, comme parlent les hommes, car
Moi aussi, moi aussi je ferai la maison
Large, puissante et calme comme une femme assise
Dans un cercle d’enfants sous le pommier en fleur.
J’ouvrirai les fenêtres de la joyeuse église
Toutes grandes aux anges du soleil et du vent.
J’y bénirai le pain de l’Affirmation,
De ce oui éternel qui est une saveur
De feu, de blé et d’eau à la bouche des purs ;
Et quand la laideur dira : non !
Et quand la femme et la mort crieront : non !
Frère, nous saluerons l’espace ivre de vie
Et le mot appris des Héros,
Le Oui universel montera à nos lèvres.
Quarante ans.
Pour apprendre à parler sans mépris de la femme. O Amour !
Quarante ans je vous ai cherché parmi les femmes
Mais ce n’est point parmi les femmes que je vous ai trouvé.
O Femme ! La pitié des pierres me saisit !
Mère ! Mère ! tu ne sais plus, tu ne sais pas encore qui tu es.
Toi, blanche renversée dans les fleurs ! si longtemps
Tu as dormi au plus obscur, au plus muet du beau jardin abandonné !
Et te voici debout dans ce temps de laideur rieuse,
Au milieu de ces fils qui ont perdu leur dieu et n’ont pas trouvé la nature.
O Mère ! Mère ! et cette belle épaule tombante de porteuse d’eau fraîche,
Et cet air rentré de servante réveillée avant l’heure.
Quelle sagesse et quelle connaissance, ô femme, dans la paume de tes mains !
Que je ne les puisse contempler sans qu’une colombe s’en échappe !
Et ta sainte blancheur apprivoise le cygne !
Lorsque l’époux mourra, tu suivras, tu mourras :
Non pas de la tristesse de la chair, mais de la joie
Profonde de l’esprit !
Pour te parler et être compris, ô Mère, il faut redevenir enfant.
Car que peux-tu comprendre à ce monde du Mouvement,
O belle, grave et pure colonne du foyer !
Mère ! les sources voilées du Mouvement sont en un lieu obscur et défendu
Dont le nom est Vallée de la Séparation. Là,
Les mondes et les cœurs soupirent l’un vers l’autre en vain.
Et tout ce que l’on touche est la distance et la durée
De la Séparation.
Qui cherche mal ne trouve rien nulle part.
Qui cherche bien ne trouve rien ici ;
Qui trouve ici se heurte ailleurs aux portes closes.
Car il est un pays où l’être unique est seul
En face de soi-même.
Là il s’aime
Et s’épouse
Et se crée.
Là, il se glorifie.
Et le lieu est nommé par ceux qui te ressemblent. Lieu
De la Conjonction,
De la Féminité Éternelle et de la Vie.
Quarante ans.
Pour apprendre à chercher la Cité. O Jérusalem !
Tu n’es pas un désert de pierres liées de chaux, de sable et d’eau
Comme les villes des hommes,
Mais, au sein du Réel, dans le silence de la tête,
Le planement muet de l’or intérieur.
Ma vie ! ma vie ! je sais que les six jours du monde
Sont là pour révéler ce que l’on doit connaître
Du septième, ennemi de tout étonnement.
Car dans la déchirure du nuage gardien
Arrêté sur Pathmos (le lieu universel
Contemplé par les yeux renversés de l’Amour)
J’ai vu dans un grand vent d’influx, l’ellipse du sabbat
Prendre feu et dorer ma naissance sans cri.
O mon frère ! ô mon corps ! ne crains pas. Je connais le chemin.
Entrons dans les profondes vapeurs de la Montagne
Qui prend son essor et s’élève
Avec le confiant qui la gravit,
Jusqu’à la nuée longue, jusqu’à la couleur-mère,
La blancheur bleue, l’annonciation de l’or.
L’aube paraît derrière nous !
Au-dessus de mon front se lève
Et fuit vers les contrées qui sont derrière nous
Le Soleil.
Le couchant est loin devant nous !
Maintenant, le profond, terrible et beau murmure
Des sages abeilles du pays
T’enseigne la langue oubliée (aux lourdes et tremblantes syllabes de miel sombre)
Des livres noyés de Yasher.

sábado, 30 de marzo de 2013

sábado, 23 de marzo de 2013

El sentido de la oración interior o Las incertidumbres de aquél que no sabía qué hacer con lo que ya había hecho:


Pacientemente, como un orfebre, había jugado a idear laberintos dentro de laberintos, infinitos dentro de infinitos. Era el juego de la desesperación, según decía. La ansiedad, tal vez, o la angustia por salir de un laberinto le acababa conduciendo -inexorablemente- a otro interior o en un plano inferior. La escasa lucidez le advertía que escapar de este último -huera esperanza y remota posibilidad- significaría entrar en el primero de nuevo, donde todo volvería a comenzar, cierto que con una experiencia previa, pero no menos cierto que con más cansado espíritu. El tiempo, siempre en marcha, marcha siempre hacia adelante. Ahora no era un juego o tal vez fuera un juego real. No se trataba de un laberinto imaginado, de una diablura de la razón. Era la misma razón desesperada la que se le hundía más y más cada vez que circunvolucionaba en pos de una salida digna a su vida. Y bien que lo sabía desde tiempo atrás. No había remedio. ¡Tal vez un milagro, una intervención divina, un desesperado gesto que rompiese los pasillos de la razón y lo transportase a la salida o lo hiciese escapar de su propio pasado, por él mismo tramado!

martes, 1 de enero de 2013

Libro de citas:


Contaba el ya viejito José María Arguedas en El zorro de arriba y el zorro de abajo, que encontrándose en Santiago se lamentaba de tener poca fuerza para hacer lo que verdaderamente quería. Y quería,  por ejemplo,  viajar a  Montevideo  entre otras cosas para saludar a  Onetti  -que tiembla armoniosamente en cada palabra-, y estrecharle la mano con que escribe.

JOSÉ MARÍA ARGUEDAS: Los ríos profundos. Barcelona, Editorial Planeta-De Agostini, S.A., 1985:

“- Si lo hago bailar, y soplo su canto hacia la dirección de Chalhuanca, ¿llegaría hasta los oídos de mi padre? -pregunté al “Markask'a”.
”-¡Llega, hermano! Para él no hay distancia. Enantes subió al sol. Es mentira que en el sol florezca el pisonay. ¡Creencias de los indios! El sol es un astro candente, ¿no es cierto? ¿Qué flor puede haber? Pero el canto no se quema ni se hiela. ¡Un layk'a winku con púa de naranjo, bien encordelado! Tú le hablas primero en uno de sus ojos, le das tu encargo, le orientas el camino y después cuando está cantando soplas despacio hacia la dirección que quieres; y sigues dándole tu encargo. Y el zumbayllu canta al oído de quien te espera. ¡Haz la prueba ahora, al instante!” (Pág. 130)

“El “Markask'a” me llevó siempre a la alameda.
”Cantaban, como enseñadas, las calandrias, en las moreras. Ellas suelen posarse en las ramas más altas. Cantaban, también, balanceándose, en las cimas de los pocos sauces que se alternan con las moras. Los naturales llaman tuya a la calandria. Es vistosa, de pico fuerte; huye a lo alto de los árboles. En la cima de los más oscuros: el lúcumo, el lambra, el palto, especialmente en el lúcumo, que es recto y coronado de ramas que forman un círculo, la tuya canta; su pequeño cuerpo amarillo, de alas negras, se divisa contra el cielo y el color del árbol; vuela de una rama a otra más alta, o a otro árbol cercano para cantar. Cambia de tonadas. No sube a las regiones frías. Su canto transmite los secretos de los valles profundos. Los hombres del Perú, desde su origen, han compuesto música, oyéndola, viéndola cruzar el espacio, bajo las montañas y las nubes, que en ninguna otra región del mundo son tan extremadas. ¡Tuya, tuya! Mientras oía su canto, que es, seguramente, la materia de que estoy hecho, la difusa región de donde me arrancaron para lanzarme entre los hombres, vimos aparecer en la alameda a las dos niñas”. (Pág. 164)